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Je vais à mon tour essayer de vous peindre très simplement sa figure authentique, de dégager à travers sa vie les quelques traits les plus significatifs, qui, sans doute, aideront à mieux comprendre son œuvre. Une abondante suite de lettres à un ami de jeunesse va m’y aider ; correspondance dont la Nouvelle Revue française ne fait que commencer la publication ; l’amabilité du directeur de cette revue m’a permis de prendre connaissance des lettres encore inédites et d’y puiser abondamment.

« J’appartiens à une génération qui n’a pas encore passé par les livres », dit-il, en 1903, dans une lettre à Barrès déjà publiée, « Ma grand’mère était mendiante ; mon père, qui était un enfant plein d’orgueil, a mendié lorsqu’il était trop jeune pour gagner son pain. » C’est cette grand’mère qu’a peinte Philippe sous les traits de Solange Blanchard, dans cet admirable Charles Blanchard inachevé, auquel Philippe travaillait lorsque la mort l’a surpris, en décembre dernier. Son père s’établit sabotier dans le village de Cérilly. C’est là que le petit Louis passe son enfance ; malingre,