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sont soûls. Leurs chants ne sont que beuglements épais. Parfois un beuglement plus fort : celui de la conque marine, seul instrument dont ils sachent jouer. Que de fois, ces autres années, entendant ces cris dans la plaine, et qui sonnaient pour moi comme un appel, j’ai couru… que de fois ! Est-ce là tout ce que peut donner leur ivresse ? Ces gens sont laids et leurs dieux sont informes. Ah ! que de fois, après avoir couru vers eux, m’en suis-je retourné dégoûté, pleurant presque…

Cette nuit, de nouveau, ces chants m’attirent.

Fin septembre.

L’eau de l’oued était si tiède que

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