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le renoncement au voyage

s’étirent… Eh quoi ! Droh n’avait donc pas cessé d’être ! Quand je la quitterai, elle continuera donc d’exister ! Fallait-il revenir toucher tout cela pour y croire ? Qu’ai-je besoin, et pour assurer quelle joie, de cette désolation sans appel ? — Oui, tu sais désormais qu’elle est là, qu’elle existe. Que désirer de plus à présent ? Qu’attendre ? — Repars ! — Pas encore…

Il est au fond de cette oasis désolée un lieu trouble. J’y veux aller. Là tout sentier se perd ; le pied enfonce dès qu’il ne foule plus quelque touffe ; mais quelques pas plus loin, le sol pourri, je sais, laisse échapper de lui des roseaux… Les voici ! Voici l’heure où le soleil le plus délicatement les argente. Pour ployer leur hampe il suffit

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