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biskra

vois, aux cheveux dorés, aux membres noirs, aux yeux de porcelaine. Ce matin ma joie est parfaite.

Dans le jeûne du jour, en attendant la nuit, Bachir le pauvre, mon ami, épluche les petites feuilles du kief qu’il fumera dans sa soirée. Ainsi dans la misère de sa vie attend-il la nuit de la tombe, prépare-t-il son paradis.

Quand je lui parle de sa misère : — Qu’est-ce que tu veux, Monsieur Gide, me répond-il, ça passera. — Il n’entend pas dire par là qu’il espère jamais devenir riche, non, mais que ce qui passera, c’est sa vie.

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