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sobre ; il méprise l’argent ; ce sont les vêtements qu’il préfère. Le dévot, qui chez nous ferait dire une messe, achète pour Sidi Taïeb un burnous.

Or, et bien qu’en en ayant beaucoup, Sidi Taïeb ne change jamais de burnous. Dès que le dernier mis est sale, il en enfile un autre par dessus. Il en supporte, l’un sur l’autre, une vingtaine. On n’imagine pas plus épais.

Certains beaux soirs, — m’a dit Athman, — devant un grand feu, sur la place, du cœur de ces burnous Sidi Taïeb se dégage tout nu. C’est vraisemblablement quand les poux lui deviennent par trop incommodes. Quelques pieux disciples alors, extrayant les burnous de dessous, jettent les trois ou quatre

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