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le renoncement au voyage

Chaude. Mais, par un tel temps, à travers le désert — c’est pour mourir de froid et d’étouffement et d’horreur…

Allons.

Ô détresse ! ô désolation ! — Je m’asseois, abrité du vent par un effondrement d’argile, de sable et de pierres, près du bord délabré d’un lac terne où l’eau croupit sous les épais roseaux. Et si du moins, paissant ses maigres chèvres, venait s’asseoir ici quelque berger musicien… Je suis seul. Je cherche en moi par quel excès de vie trouver, dans la contemplation de tant de désolation, des délices, et peupler de frémissements tant de mort — Je reste ià. Le vent agite les roseaux. Un soleil incertain s’essaye

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