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le renoncement au voyage

Biskra, 30 novembre.

Je rentre au cœur de ma jeunesse. Je remets mes pas dans mes pas. Voici les bords charmants de ce sentier que je suivais, ce premier jour où, faible encore, échappé de l’horreur de la mort, je sanglotai, ivre du simple étonnement d’être, du ravissement d’exister. Ah ! qu’à mes yeux encore fatigués l’ombre des palmes était calmante ! Douceur des ombres claires, murmures des jardins, parfums, je reconnais tout, arbres, choses… le seul méconnaissable, c’est moi.

Ce jardin de la cour de l’hôtel, ce jardin que j’ai vu planter, est

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