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le renoncement au voyage

mon haleine y fit nuage. Plus haut, dans les lavandes, je m’assis ; j’appliquai sur le rocher glacé les paumes de mes mains ardentes. Devant moi, sur l’autre versant, en proie au soleil, tout brûlait. Je regardais, sur les distantes crêtes, des troupeaux blancs, et, parfois, un souffle y aidant (et tant le silence à l’entour était grand) j’entendais un appel du pasteur, et parfois un souffle plus fort arrachait un lambeau de chant à sa flûte.

Vers la fin de ce jour, sur cette roche, sur la même, je suis venu m’asseoir encore. Le soleil à présent l’embrasait ; il exténuait de parfums l’herbe sèche. Devant moi, sur l’autre versant, croissait l’ombre ; et quand elle atteignit les troupeaux, ceux-ci, brusquement

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