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alger (blida)

bourdonnaient. On était bien ; on était aise. On étouffait.

C’est toi, forêt aromatique, que ce matin, et pour y respirer jusqu’au soir, j’ai choisie. Ô marche énorme ! fatigue heureuse de la chair. — Dès qu’on s’écarte un peu du pli secret de ce ravin où l’eau qu’on ne voit pas mais qu’on entend, ruisselle, ce qu’on appelle encore forêt n’est plus qu’une brousse écrasée ; cystes, lentisques et palmiers-nains. Un versant du ravin gardait l’ombre et, malgré la grande chaleur, une telle fraicheur y traînait que l’herbe était, comme aurait dit Ronsard, perleuse. En un creux qu’un repli de la roche abritait, l’air était bleu et

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