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le renoncement au voyage

iii

Alger, samedi 14.

Salut ! matin plein de sourires. Le plein rire du jour peut venir : je suis prêt.

La mer que le soleil affleure se tient tout debout devant moi comme une paroi de lumière, une vitre de nacre irisée que, distincte à peine, la fine ligne des collines que la brume amollit et fait paraître spongieuses, encadre et sépare du ciel. Dans le port vaporeux encore, que la fumée d’énormes bateaux envahit, un vol tremblant de barques s’éparpille, monte au large brillant et, parfois, les rames tendues, comme dans de la

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