Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée
le renoncement au voyage

Hammam R’hira, 11 novembre.

La terre qu’a soûlée l’averse rêve un subit printemps. C’est, tout contre le sol et sans feuilles, de blancs narcisses nains, surodorants ; les minuscules hampes bleu-pervenche de ce que je crois être des muscaris ; les étoiles roses de frêles amaryllidées assez semblables à nos colchiques ; — tout cela très petit, craintif, à ras du sol, pressé. Voici donc tout ce que la douceur de la pluie, de ce sol sans bonté, peut extraire de grâce !

La forêt de Hammam R’hira me rappelle beaucoup celle de l’Esterel à l’entour de Fréjus. Même sècheresse embaumée ; lavandes et

188