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alger (blida)

phare, jetée de pierre, cubes énormes de débris qu’un mastic cimenteux conglutine ; puis, plus loin que le phare encore — jusqu’à l’extrême effort de ce promontoire factice, sur ce dernier bloc que le premier effort de la vague énorme blanchit, refuge étroit où lorsque le soir tombe on croit entrer jusqu’au cœur de la mer. Une bouée rouge, qui précise l’entrée du port, se soulève ou défaille. Le ciel est orageux ; la mer noire ; l’entre-deux caverneux des blocs, à chaque gonflement du flot, mugit. Pas un souffle pourtant ; la vague est énorme sans crête, large et profondément creusée. Parfois dans un resserrement de roc elle se coince ; l’embrun jaillit vers moi. Ah ! que m’emportât une lame

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