Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée
le renoncement au voyage

côté le bordait mon sentier, presque effacé contre la roche ; de l’autre, en contre-bas, un indiscontinu fouillis de lauriers-roses dont les plus hautes branches trempaient dans le canal, les plus basses dans l’Oued. Le lit de l’Oued était profond et le soir le creusait encore. Par flaques, une eau courant à peine et dont la fuite à travers les cailloux se perdait, reflétait le ciel gris de lin. Sur l’autre rive, des jardins ; et, dominant énormément, en face, la montagne au flanc brut, d’instant en instant rougissante ; elle devint enfin couleur peau de grenade ardente, on l’eût dite chaude et prête à éclater. À ses pieds les palmiers des jardins étaient noirs.

D’un bond ayant franchi le roc à l’ombre duquel je marchais, je

146