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le renoncement au voyage

grandeur tragique de tant d’autres qui semblent empiéter sur la mort.

… Ce matin, levé dès cinq heures, J’ai, quittant l’oasis, marché dans le ravin, irrésistiblement attiré malgré tout vers le sud. Le pays s’est fait de plus en plus rauque et âpre ; il soufflait un vent froid, continu comme l’eau d’un fleuve. Le soleil, derrière le mont, restait caché. Et, dès que j’eus doublé le mont, la chaleur, avec le soleil, devint si forte que je ne songeai plus qu’à revenir. J’étais très loin déjà, ayant marché devant moi plus d’un heure et d’un pas ininterrompu. — J’aurais voulu cueillir pour toi ces lauriers-roses dont les dernières fleurs se fanaient, rares déjà, mais plusieurs encore très belles ; je leur imaginais une très fine

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