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bou-saada

9 heures.

Nuage ! qui ce matin, du bord du ciel, montais comme un flocon d’étoupe, est-ce toi qui, grandi, pareil à la nuée d’Élie, maintenant envahis le ciel ? — Hélas ! hélas ! tu porteras plus loin ton abondance d’eau, sans en rien verser sur cette terre, et la plante et la bête assoiffées ne recevront de toi vers midi que le rafraîchissement d’un peu d’ombre.

11 heures.

Sous la lumière immodérée le mirage à présent s’amplifie. Eaux vives, jardins profonds, palais, c’est, devant l’inexistante réalité, comme un poète dénué, le désert impuissant qui rêve.

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