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alger (fort national)

cheur. — Les cimes du Djurdjura sont dans l’ombre.

Hier, après dîner, sorti trop tard ; la ville arabe déjà faisait la morte. Les quatre ou cinq cafés français, trop éclairés, crevaient indécemment la nuit. J’ai pris cet escalier suspect qui, derrière eux, mène à la ville haute. Les magasins juifs sont fermés ; tout est sombre ; seul un maigre quinquet au haut de l’escalier. Des planches formant banc ; je m’assieds. Et sitôt assis j’entends au tournant de la rue le crissement de la guitare arabe. Un café maure est là ; j’en perçois à présent la faible lueur dans la nuit ; elle écarte la nuit à peine, et pas plus que ne repousse

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