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le renoncement au voyage

ture bouscule tout ; nous passons.

Beaux arbres ; certains couverts de pampres jusqu’à la cime. Le terrain dévale ; eux s’élancent ; rien ne les soutient dans l’azur.

Les raisins sont cueillis. S’il pend encore à la branche une grenade, j’en ai soif !

J’ai fait par les traverses et presque toute à pied cette longue montée ; elle est très belle. Mais j’eusse souhaité moins intolérablement âcre cet éclat de grenade sauvage que j’arrachai du grenadier, Elle avait crevé de chaleur et montrait ses grains presque blancs. Du suc, elle en avait pourtant ; mais je compris que la soif des Arabes l’eût laissée. Déjà, dans sa sauvagerie, le parfum du fruit s’y révèle, mais qu’il

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