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le renoncement au voyage

mais ne le montre guère. C’est au cœur du marché que, guidé par Ali, je le retrouve. Il porte, ainsi qu’Ali son frère, l’énorme et pointu chapeau kabyle sur son turban, ou sur la nuque et retombé sur les épaules. Saïd s’est beaucoup élancé, a les yeux les plus beaux du monde, les traits durs, la bouche cruelle et moqueuse, l’air peu franc. Ses délicats pieds de danseur se sont élargis et désennoblis par la marche ; ils n’eussent dû fouler que des gazons ou des tapis.

Akli, le père, porte des lunettes bleues, a l’air de plus en plus d’un gypaète, ou de quelqu’un qui vous aurait dévalisé. On prend le thé. Je laisse Akli avec Saïd, repars avec Ali qui veut me montrer leur maison.

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