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de biskra à touggourt

des enfants à moitié nus attisent, et où se chauffent des vieillards. La flamme éclate un instant pétillante, puis retombe, et ce n’est plus que le rayonnement assourdi du foyer. Ni musiques, ni jeux ; des cafés maures presque éteints ; quelques fumeurs devant leur porte, couchés à demi sur des nattes, ou sur la terre simplement.

Et maintenant que par trois fois nous avons suivi tout au long les deux uniques rues du village, que les feux sont éteints, que nous avons fait fuir comme troupes d’’oiseaux farouches tout ce qui s’y chauffait de jeune et de charmant, maintenant que la paix de ce lieu trop étrange est gâtée, — que faire ? — sinon rentrer au bordj à travers l’oppressante solitude de la nuit.

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