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de biskra à touggourt
Chegga, 10 heures 1/2.

Déjeuner — sur une table à trois pieds — en plein soleil, qui déjà commence à taper ferme. Deux faméliques chats se disputent des débris de poulet froid et de sardines. Près de nous, devant la misérable hutte où trois pauvres Arabes s’abritent, une femme couverte d’une loque safran lave une maigre fillette de cing ans, toute nue, debout dans un chaudron noir. Pas une fleur, pas une herbe pour sourire un peu à la hutte.

Que celui qui ne connaît pas ce pays imagine d’abord : rien. À droite, une hutte. Non loin, quelques carcasses démantibulées — carcasses de chameau, l’on suppose. À gauche, une société de cha-

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