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nétrera dans son cœur. Étéocle et Polynice m’échappent ; je le sens chaque jour davantage. Jocaste te le dira : prenant exemple sur leur père, ils croient pouvoir s’émanciper d’un pouvoir auquel il importe que tout homme reste soumis. Je ne te parle pas en mon nom, mais au nom du Dieu que je représente ; puis au nom de Jocaste et de la pieuse Antigone ; au nom du peuple enfin qui s’épouvante et voit dans le fléau qui l’accable un châtiment de l’incrédulité de son roi. Au surplus, comment Antigone pourrait-elle vénérer un père, Jocaste aimer un mari, dont le cœur se détourne d’un Dieu que toutes deux révèrent ? Toi-même, Créon, dois comprendre qu’il est de l’intérêt de tous qu’un roi s’incline devant une puissance supérieure en