Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

patriarches de Rome, de Constantinople, d’Alexandrie et d’Antioche, souscrivirent ces édits du prince, les uns avec joie, les autres avec répugnance. Mais l’évêque et les moines de Jérusalem sonnèrent l’alarme : les Églises latines aperçurent une erreur cachée dans les paroles ou même dans le silence des Grecs, et l’obéissance du pape Honorius aux ordres de son souverain fut retractée ou censurée par l’ignorance plus audacieuse de ses successeurs. Ils condamnèrent l’exécrable et abominable hérésie des monothélites, qui ranimaient les erreurs de Manès, d’Apollinaire, d’Eutychès, etc. Ils signèrent sur le tombeau de saint Pierre le décret d’excommunication ; l’encre qu’ils employèrent fut mêlée du vin du sacrement, c’est-à-dire du sang de Jésus-Christ, et ils n’oublièrent aucune des cérémonies qui pouvaient remplir d’horreur ou d’effroi les esprits superstitieux. En qualité de représentans de l’Église d’Occident, le pape Martin et le concile de Latran anathématisèrent le coupable et perfide silence des Grecs : cent cinq évêques d’Italie, la plupart sujets de Constans, ne craignirent pas de rejeter son Type odieux, l’Ecthèse impie de son grand-père, et de confondre les auteurs et leurs adhérens avec vingt-un hérétiques reconnus, déserteurs de l’Église et organes du démon. Le prince le plus soumis à l’Église n’aurait pas laissé une telle offense impunie. Le pape Martin termina sa carrière sur la côte déserte de la Chersonèse Taurique, et l’abbé Maxime, son oracle, fut cruellement puni par l’amputation de la langue et de la