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deux natures du Christ une énergie propre et distincte : la différence devint imperceptible lorsqu’ils avouèrent que la volonté humaine et la volonté divine étaient invariablement la même[1]. La maladie s’annonça par les symptômes ordinaires ; mais les prêtres grecs, comme s’ils eussent été rassasiés par l’interminable controverse sur l’incarnation, donnèrent de bons conseils au prince et au peuple. Ils se déclarèrent Monothélites (défenseurs d’une seule volonté) ; mais ils traitèrent le mot de nouveau et la question de superflue, et recommandèrent un silence religieux, comme ce qu’il y avait de plus conforme à la prudence et à la charité de l’Évangile. [L’Ecthèse d’Héraclius. A. D. 639.] Cette loi de silence fut établie successivement par l’Ecthèse ou l’exposition d’Héraclius, [Le Type de Constans. A. D. 648.]et le Type ou le formulaire de la foi de Constans son petit-fils[2] ; et les quatre

  1. Voyez la doctrine orthodoxe dans Pétau (Dogmata theolog., t. V, l. IX, c. 6-10, p. 433-447). Toutes les profondeurs de cette controverse se trouvent dans le dialogue grec, entre Maxime et Pyrrhus (ad calcem, t. VIII, Annal. Baron., p. 755-794). Ce dialogue avait réellement eu lieu dans une conférence d’où résulta une conversation de peu de durée.
  2. Impiissimam Ecthesim… scelerosum typum (Concil., t. VII, p 366), diabolicæ operationis genimina (peut-être germina, ou autrement le mot grec γενηματα de l’original) ; Concil., p. 363, 364. Telles sont les expressions du dix-huitième anathème. L’épître de Martin à Amandus, l’un des évêques de la Gaule, traite avec la même virulence les monothélites et leur hérésie (p. 392).