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contentement des Italiens, causé par cette querelle de religion, avait déjà facilité les conquêtes des Lombards, et les Romains eux-mêmes étaient habitués à suspecter la foi et à détester l’administration du tyran qui régnait à Byzance.

Hérésie de Justinien. A. D. 564.

Justinien ne sut être ni ferme ni conséquent dans les procédés difficiles qu’il voulut employer pour fixer l’incertitude de ses opinions et de celles de ses sujets : durant sa jeunesse on l’offensait en s’écartant le moins du monde de la ligne orthodoxe ; dans sa vieillesse il s’égara lui-même par-delà la ligne d’une hérésie modérée, et les jacobites, ainsi que les catholiques, furent scandalisés de lui entendre déclarer que le corps du Christ était incorruptible, et que son humanité n’avait jamais éprouvé aucun des besoins et des infirmités attachés à notre existence mortelle. Cette opinion fantastique se trouve consignée dans ses derniers édits : à l’époque de sa mort, qui arriva bien à propos, le clergé avait refusé d’y souscrire ; le prince se disposait à commencer une persécution, et le peuple était disposé à la souffrir ou à opposer de la résistance. Un évêque de Trèves, qui se voyait placé hors des atteintes du monarque de l’Orient, lui adressa des remontrances sur le ton de l’affection et de l’autorité : « Très-gracieux Justinien, lui dit-il, souvenez-vous de votre baptême et du symbole de votre foi, et ne déshonorez pas vos cheveux blancs

    mettre au cinquième concile général (XIII Concil. Toletan. in Concil., t. VII, p. 487-494.)