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dix siècles d’ignorance et de servitude, l’Europe a reçu ses opinions religieuses de l’oracle du Vatican, et cette doctrine, déjà couverte de la rouille de l’antiquité, a été admise sans contestation dans le symbole des réformateurs du seizième siècle, qui ont abjuré la suprématie du pontife de Rome. Le concile de Chalcédoine triomphe toujours dans les églises protestantes ; mais le levain de la controverse ne fermente plus, et les chrétiens de nos jours les plus religieux ne savent pas ce qu’ils croient touchant le mystère de l’incarnation, et s’embarrassent peu de le savoir.

Discorde de l’Orient. A. D. 451-482.

Les dispositions des Grecs et des Égyptiens se montrèrent d’une manière bien différente sous les règnes orthodoxes de Léon et de Marcien. Ces empereurs dévots appuyèrent le symbole de leur foi[1], de la force des armes et de celle des édits, et cinq cents évêques déclarèrent en conscience et en honneur qu’il était permis de soutenir, même par des homicides, les décrets du concile de Chalcédoine. Les catholiques observèrent avec satisfaction que le même concile était odieux aux nestoriens et aux mo-

  1. Voyez dans l’Appendice des Actes du concile de Chalcédoine, la confirmation de ce synode par Marcien (Conc., t. IV, p. 1781-1783), les Lettres de ce prince aux moines d’Alexandrie (p. 1791), à ceux du mont Sinaï (p. 1793), à ceux de Jérusalem et de la Palestine (p. 1798), ses lois contre les Eutychiens (p. 1809, 1811, 1831), la correspondance de Léon avec les synodes provinciaux sur la révolution d’Alexandrie (p. 1835-1930).