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considérable des évêques adopta la simple unité du Christ, et l’aveu équivoque qu’il avait été formé ou procédait de deux natures, pouvait supposer leur existence antérieure, ou leur confusion subséquente, ou un intervalle dangereux entre le moment où avait été conçu l’homme, et celui où lui avait été infusé la nature divine. Les théologiens de Rome, plus positifs et plus précis, adoptèrent la formule qui blessait le plus l’oreille des Égyptiens ; ils déclarèrent que le Christ existait en deux natures ; et cette importante particule[1], plus aisée à fixer dans la mémoire que dans l’intelligence, fut au moment de produire un schisme parmi les évêques latins. Ils avaient souscrit respectueusement, peut-être avec sincérité, le tome de Léon ; mais ils déclarèrent dans

    cette version fausse et proscrite de εκ των φυσεων (Concil., t. III, p. 1460). Il ne paraît pas qu’on ait jamais eu de traduction authentique de l’écrit du pape Léon ; et les anciennes versions latines diffèrent essentiellement de la Vulgate actuelle, qui fut révisée (A. D. 550) par Rusticus, prêtre romain, d’après les meilleurs manuscrits de l’Ακοιμητοι à Constantinople (Ducange, C. P. christiana, l. IV, p. 151), célèbre monastère de Latins, de Grecs et de Syriens. (Voyez Concil., t. IV, p. 1959-2049, et Pagi, Critica, t. II, p. 326, etc.)

  1. Le microscope de Pétau ne présente qu’obscurément cette particule (t. V, l. III, c. 5) ; et cependant ce subtil théologien en est lui-même effrayé, ne quis fartasse supervacaneam, et nimis anxiam putet hujus modi vocularum inquisitionem, et ab instituti theologici gravitate alienam (p. 124).