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monde, il fut encore poursuivi par les fureurs du fanatisme et celles de la guerre. Une tribu errante de Blemmyes ou de Nubiens envahit sa solitude : Nestorius fut au nombre des captifs inutiles qu’ils laissèrent aller en se retirant. Mais se voyant sur les bords du Nil, et près d’une ville romaine et orthodoxe, il regretta sans doute sa servitude chez les sauvages. Sa fuite fut punie comme un nouveau crime ; l’esprit de Cyrille respirait dans toutes les autorités civiles et ecclésiastiques de l’Égypte ; les magistrats, les soldats et les moines tourmentèrent dévotement l’ennemi du Christ et de saint Cyrille, et l’hérétique fut tour à tour traîné sur les confins de l’Éthiopie ou rappelé de ce nouvel exil, jusqu’à ce que, épuisé déjà par la vieillesse, il se trouvât hors d’état de résister aux fatigues et aux accidens de ces voyages multipliés. Cependant son esprit conservait encore sa fermeté et son indépendance : ses lettres pastorales intimidèrent le président de la Thébaïde ; il survécut au tyran catholique d’Alexandrie, et le concile de Chalcédoine, touché d’un exil de seize ans, allait peut-être lui rendre les honneurs ou du moins la communion de l’Église. Il y était mandé, et se préparait avec joie à obéir, lorsque la mort le prévint.[1] La nature

    se trouvait à trois journées seulement des confins de la Lybie. Voyez une savante Note de Michaelis (ad Descript. Ægypt., Abulféda, p. 21-34).

  1. L’invitation qui appelait Nestorius au concile de Chalcédoine, est rapportée par Zacharie, évêque de Malte (Évagrius, l. II, c. 2 ; Asseman., Bibl. orient., t. II, p. 55),