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Proclus, ses successeurs, furent reconnus légitimes évêques de Constantinople. Mais le patriarche déposé ne put retrouver dans sa paisible cellule l’innocence et la sécurité d’un simple moine. Il regrettait le passé, le présent le mécontentait, et il avait lieu de craindre l’avenir : les évêques d’Orient abandonnaient peu à peu la cause d’un homme condamné par l’opinion publique, et chaque jour diminuait le nombre des schismatiques, qui avaient révéré Nestorius comme le confesseur de la foi. Il était à Antioche depuis quatre ans, lorsque l’empereur signa un édit[1] qui le mettait au même rang que Simon le Magicien, qui proscrivait ses opinions et ses sectateurs, et qui condamnait ses écrits : quant à lui, il fut d’abord exilé à Petra en Arabie, et ensuite à Oasis, une des îles du désert de la Lybie[2]. Là, séparé de l’Église et du

  1. Voyez les Lettres de l’empereur dans les Actes du synode d’Éphèse. (Concil., t. III, p. 1730-1735.) L’odieux nom de simoniens qu’on donna aux disciples de ce τερατωδο‌υς διδασκαλιας, était désigné ως αν ονειδεσι προβληθεντες αιωνιον υπομενοειν τιμωριαν των αμαρτηματων, και μητε ζωντας τιμωριας μητε θανοντας ατιμιας εκτοι υπαρχειν. Ce sont des chrétiens qui se traitaient ainsi, et des chrétiens qui ne différaient guère les uns des autres que par des mots et de légères nuances.
  2. Les graves jurisconsultes (Pandect., l. XLVIII, tit. 22, leg. 7) ont donné ce nom métaphorique d’îles à ces petites portions des déserts de la Lybie où l’on aperçoit de l’eau et de la verdure ; on en distingue trois sous le nom commun d’Oasis ou d’Alvahat : 1o. le temple de Jupiter Ammon ; 2o. l’Oasis du milieu, trois journées à l’occident de Lycopolis ; 3o. l’Oasis méridional où Nestorius fut exilé, et qui