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l’ordre de l’empereur, s’était fait accompagner de cinquante évêques égyptiens, qui attendaient d’un signe de leur patriarche l’inspiration du Saint Esprit. Il avait contracté une étroite alliance avec Memnon, évêque d’Éphèse, primat des Églises d’Asie qu’il gouvernait avec un pouvoir absolu, et qui mettaient à sa disposition les voix de trente ou quarante évêques : une troupe de paysans, esclaves de l’Église, avaient été dispersés dans la ville pour y soutenir, par des cris et des violences, les argumens métaphysiques de leur suzerain, et le peuple soutenait avec zèle l’honneur de la Vierge Marie, dont le corps reposait dans les murs d’Éphèse[1]. La flotte qui avait amené saint Cyrille était chargée des richesses de l’Égypte ; elle débarqua une bande nombreuse de gens de mer, d’esclaves et de fanatiques enrôlés sous la bannière de saint Marc et celle de la mère de Dieu, et disposés à la plus aveugle obéissance. Cette troupe guerrière intimida les pères et même les gardes du

  1. Les chrétiens des quatre premiers siècles ne connaissaient ni le lieu de la mort ni celui de la sépulture de Marie. Le concile dont nous parlons ici confirme la tradition d’Éphèse, qui croyait posséder son corps. (Ενθα ὄ θεολογος Ιωαννης, και η θεοτοκος παρθενος η αγια Μαρια, Concil., t. III, p. 1102.) Au reste, Jérusalem qui a formé les mêmes prétentions, a fait oublier celles d’Éphèse : on y montrait aux pèlerins le sépulcre vide de la Vierge ; c’est de là qu’est venue l’histoire de sa résurrection et de son assomption, pieusement adoptée par les Églises grecques et latines. Voyez Baronius (Ann. ecclés. A. D. 428, no 6, etc.), et Tillemont (Mém. ecclés., t. I, p. 467-477).