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Il dépouilla cet hérétique de sa dignité épiscopale, lui donna dix jours pour se rétracter et montrer son repentir, et chargea son ennemi de l’exécution de ce décret illégal et précipité ; mais tandis que le patriarche d’Alexandrie lançait les foudres célestes, il laissait voir les erreurs et les passions d’un mortel, et ses douze anathèmes[1] désespèrent encore aujourd’hui la scrupuleuse soumission des orthodoxes, qui veulent conserver leur vénération pour la mémoire d’un saint sans manquer à la fidélité due aux décrets du concile de Chalcédoine. Ces propositions hardies conservent une teinte ineffaçable de l’hérésie des apollinaristes, tandis que les déclarations sérieuses et peut-être sincères de Nestorius ont satisfait ceux des théologiens de notre temps qui se distinguent le plus par leur sagesse et leur impartialité[2].

  1. Concil., t. III, p. 943. Ils n’ont jamais été approuvés directement par l’Église (Tillemont, Mém. ecclésiast., XIV, p. 368-373). J’ai presque pitié des convulsions de rage et de sophisme dont Pétau paraît agité dans le sixième livre de ses Dogmata theologica.
  2. Je puis citer le judicieux Basnage (ad. t. I, Variar. Lection. Canisii in præfat., c. 2, p. 11-23) et La Croze, savant universel (Christianisme des Indes, t. I, p. 16-20, de l’Éthiopie, p. 26, 27 ; Thesaur. epist., p. 176, etc., 283-285). Son libre avis sur ce point est confirmé par celui de ses amis Jablonski (Thesaur. epist., t. I, p. 193-201), Mosheim (id., p. 304, Nestorium crimine caruisse est et mea sententia) ; et il ne serait pas facile de trouver trois juges plus respectables. Asseman., rempli de connaissances, mais modestement asservi aux autorités, peut à peine décou-