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Dans ses momens de calme, Nestorius avouait qu’on pouvait le tolérer et l’excuser par l’union des deux natures et la communication de leurs propriétés[1] ; mais irrité par la contradiction, il en vint à rejeter le culte d’un Dieu nouveau-né, d’une divinité dans l’enfance, à tirer des associations conjugales et civiles de la vie humaine, les similitudes imparfaites dont il se servait pour expliquer ses opinions, et à représenter l’humanité du Christ comme le vêtement, l’instrument et le temple de sa divinité. Aux premiers sons de ces blasphèmes les colonnes du sanctuaire furent ébranlées. Ceux dont l’élévation de Nestorius avait renversé les espérances, se livrèrent au ressentiment que leur inspirait la religion ou la jalousie ; le clergé de Byzance se voyait à regret gouverné par un étranger ; tout ce qui porte le caractère de la superstition ou de l’absurdité a droit à la protection des moines, et le peuple s’intéressait à la gloire de la sainte Vierge sa protectrice[2]. Des clameurs séditieuses troublèrent les sermons de l’archevêque et le service des autels ; des congrégations particulières abjurèrent son autorité et sa doctrine : bientôt le souffle de l’esprit de parti propagea

  1. L’αντιδοσις des Grecs, c’est-à-dire un prêt ou une translation mutuelle des idiomes ou des propriétés d’une nature à l’autre, de l’infidélité à l’homme, de la passibilité à Dieu, etc. Pétau établit douze règles sur cette matière extrêmement délicate (Dogmat. theolog., t. V, l. IV, c. 14, 15, p. 209, etc.).
  2. Voyez Ducange, C. P. Christiana, l. I, p. 30, etc.