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d’Occident comme un fief ou bénéfice[1] de l’Église, et à étendre sa domination temporelle sur les rois et les royaumes de la terre. Après cinquante années de combats, la première de ces opérations se trouva achevée par le secours de l’ordre ecclésiastique, dont la liberté était liée à celle de son chef ; mais la seconde, malgré quelques succès apparens ou partiels, trouva dans la puissance civile une vigoureuse opposition, et s’est vue totalement arrêtée par les progrès de la raison humaine.

Antorité dont les empereurs jouissaient à Rome.

Lors de la renaissance de l’Empire de Rome, l’évêque ni le peuple ne pouvaient donner à Charlemagne ou à Othon des provinces perdues comme on les avait acquises, par le sort des armes ; mais les Romains étaient libres de se choisir un maître, et le pouvoir délégué au patrice fut accordé d’une manière irrévocable aux empereurs français et saxons. Les annales incomplètes de ces temps-là[2] nous ont conservé quelques souvenirs du palais, de la

  1. On peut citer comme un nouvel exemple des maux qu’a produits l’équivoque, beneficium (Ducange, tom. I, p. 617, etc.) que le pape accorda à l’empereur Frédéric Ier, puisque le terme latin pouvait signifier un fief légal ou une simple faveur, un bienfait. Voyez Schmidt, Histoire des Allemands, t. III, p. 393-408 ; Pfeffel, Abrégé chronologiq., t. I, p. 229, 296, 317, 324, 420, 430, 500, 505, 509, etc.
  2. Voyez sur l’histoire des empereurs relativement à Rome et à l’Italie, Sigonius (De regno Italiæ, Opp., t. II, avec des notes de Saxius), et les Annales de Muratori, qui aurait pu faire des renvois plus précis aux auteurs contenus dans sa grande collection.