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saint Chrysostôme eut été réhabilitée et consacrée, le neveu de Théophile, qui se trouvait à la tête d’une faction expirante, s’obstina à soutenir que ce prélat avait été condamné justement ; et ce ne fut qu’après de longs délais et une résistance opiniâtre qu’il se soumit au décret de l’Église catholique[1]. C’était par intérêt et non par passion qu’il se montrait l’ennemi des pontifes de Byzance[2]. Il leur enviait l’avantage de briller au grand jour de la cour impériale ; il redoutait leur ambition qui opprimait les métropolitains de l’Europe et de l’Asie, envahissait les provinces d’Alexandrie et d’Antioche, et essayait de donner à leurs diocèses les bornes de l’Empire. La longue modération d’Atticus, qui usait avec douceur de la dignité qu’il avait usurpée sur saint Chrysostôme, suspendit l’animosité des patriarches de l’Orient ; mais saint Cyrille fut enfin réveillé par l’élévation d’un rival plus digne de son estime et de sa haine. Après le court et orageux pontificat de Sisin-

  1. Il ne voulut point écouler les prières d’Atticus de Constantinople et d’Isidore de Péluse ; et si l’on en croit Nicéphore (l. XIV, c. 18), il ne céda qu’à l’intercession de la Vierge. Au reste, dans ses dernières années, il murmurait encore que Jean Chrysostôme avait été condamné justement. (Tillemont, Mém. ecclés., t. XIV, p. 278-282 ; Baronius. Annal. ecclés., A. D. 412, nos 46-64.)
  2. Voyez des détails sur leurs caractères dans l’Histoire de Socrate (l. VII, c. 25-28), et sur leur autorité et leurs prétentions, dans la volumineuse compilation de Thomassin (Discipl. de l’Église, t. I, p. 80-91).