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porte de la chambre où était Charlemagne ; et ils aperçurent le monarque, environné de tout l’étalage de ce luxe étranger qu’il méprisait, et de l’amour et du respect de ses chefs victorieux. Les deux empires conclurent un traité de paix et d’alliance, et il fut décidé que chacun garderait les domaines dont il se trouvait en possession ; mais les Grecs[1] oublièrent bientôt cette humiliante égalité, ou ils ne s’en souvinrent que pour détester les Barbares qui les avaient forcés à la reconnaître. Tant que le pouvoir et les vertus se trouvèrent réunis, ils saluèrent avec respect l’auguste Charlemagne, en lui donnant les titres de basileus et d’empereur des Romains. Du moment où l’élévation de Louis-le-Pieux eut séparé ces deux attributs, on lut sur la suscription des lettres de la cour de Byzance, « au roi, ou, comme il se qualifie lui-même, à l’empereur des Français et des Lombards. » Lorsqu’ils n’aperçurent plus ni pouvoir ni vertus, ils dépouillèrent Louis II de son titre héréditaire ; et, en lui appliquant la dénomination barbare de rex ou rega ils le reléguèrent dans la foule des princes latins. Sa

  1. Comparez dans les textes originaux recueillis par Pagi (t. III, A. D. 813, no 7 ; A. D. 824, no 10, etc), le contraste de Charlemagne et de son fils. Lorsque les ambassadeurs de Michel (lesquels il est vrai furent désavoués) s’adressèrent au premier, more suo, id est linguâ græcâ laudes dixerunt, imperatorem eum et βασιλεα oppellantes, et ils appliquèrent au dernier ces expressions : vocato imperatori Francorum, etc.