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manie cette portion de la Gaule qui s’étend, à l’ouest du Rhin, le long des bords de la Meuse et de la Moselle, et dont les peuples, dès le temps de César et de Tacite, avaient avec les Germains de grands rapports de langage et de complexion. Les successeurs d’Othon acquirent entre le Rhin, le Rhône et les Alpes, une vaine suprématie sur les royaumes de Paris, de Bourgogne et d’Arles. Du côté du nord, le christianisme fut propagé par les armes d’Othon, vainqueur et apôtre des nations esclavonnes de l’Elbe et de l’Oder : il fortifia, par des colonies d’Allemands, les marches de Brandebourg et de Schleswig ; le roi de Danemarck et les ducs de Pologne et de Bohême se reconnurent ses vassaux et ses tributaires. Il passa les Alpes à la tête d’une armée victorieuse, subjugua le royaume d’Italie, délivra le pape, et attacha pour jamais la couronne impériale au nom et à la nation des Germains. Ce fut à compter de cette époque mémorable, que s’établirent deux maximes de jurisprudence publique, introduites par la force et ratifiées par le temps ; 1o. que le prince, élu dans une diète d’Allemagne, acquérait au même instant les royaumes subordonnés de l’Italie et de Rome ; 2o. mais qu’il ne pouvait pas légalement se qualifier d’empereur et d’Auguste, avant d’avoir reçu la couronne des mains du pontife de Rome[1].

  1. La force de l’usage m’oblige à placer Conrad Ier et Henri Ier l’Oiseleur, au nombre des empereurs, titre que ne prirent jamais ces rois de la Germanie. Les Italiens,