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partage de ses deux plus jeunes fils. Louis II, l’aîné, se contenta du royaume d’Italie, patrimoine naturel et suffisant d’un empereur de Rome. Il mourut sans laisser d’enfans mâles ; alors ses oncles et ses cousins se disputèrent le trône : et les papes saisirent habilement cette occasion de juger les prétentions ou le mérite des candidats, et de donner au plus soumis ou au plus libéral la dignité impériale d’avocat de l’Église de Rome. On ne retrouve plus dans les misérables restes de la race carlovingienne aucune apparence de vertus ni de pouvoir, et c’est par les ridicules surnoms de Chauve, de Bègue, de Gros, et de Simple, que se distinguent les traits ignobles et uniformes de cette foule de rois, tous également dignes de l’oubli. L’extinction des branches maternelles fit passer l’héritage entier à Charles-le-Gros, dernier empereur de sa famille : la faiblesse de son esprit autorisa la défection de la Germanie, de l’Italie et de la France : il fut déposé dans une diète, et réduit à mendier sa subsistance journalière auprès des rebelles dont le dédain lui avait laissé la liberté et la vie. [Division de l’empire. A. D. 888.]Les gouverneurs, les évêques et les seigneurs s’emparèrent, chacun selon sa force, de quelque fragment de l’empire tombant en ruines ; il y eut quelques préférences pour ceux qui descendaient de Charlemagne par les femmes ou par les bâtards. Le titre et la possession de la plus grande partie de ces compétiteurs étaient également douteux, et leur mérite se trouvait analogue au peu d’étendue de leurs domaines. Ceux qui purent se montrer aux portes