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révolte de l’Aquitaine. Charlemagne poursuivit les Bretons jusqu’au bord de l’Océan, resserra sur les côtes cette tribu féroce, dont l’origine et la langue sont si éloignées de celles des Français, et pour punition lui imposa des tributs, en exigea des otages, et la contraignit à la paix. Après une longue querelle, la province d’Aquitaine fut confisquée et ses ducs perdirent la liberté et la vie. C’eût été punir bien rigoureusement des gouverneurs ambitieux, coupables seulement d’avoir voulu trop fidèlement imiter les maires du palais ; mais une chartre découverte depuis peu[1], prouve qu’ils étaient les derniers descendans de Clovis et les héritiers légitimes de sa couronne par une branche cadette descendue d’un frère de Dagobert. Leur ancien royaume se trouvait réduit au duché de Gascogne, aux comtés de Fésenzac et d’Armagnac, situés au pied des Pyrénées ; leur race se propagea jusqu’au commencement du sixième siècle, et ils survécurent à leurs oppresseurs les Carlovingiens pour éprouver l’injustice ou les faveurs d’une troisième dynastie. Par la

  1. Une chartre accordée au monastère d’Alaon (A. D. 845) par Charles-le-Chauve, donne cette généalogie. Je ne sais si dans cette chaîne tous les anneaux des neuvième et dixième siècles sont aussi solides que le reste. Cependant la généalogie est approuvée et défendue en entier par M. Gaillard (t. II, p. 60-81, 203-206), qui assure que la famille de Montesquiou (non pas celle du président de Montesquieu), descend, par les femmes, de Clotaire et de Clovis. Prétention innocente.