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leur prétendu concile, qui fut long-temps méprisé des Barbares de l’Occident[1]. Le culte des images ne fit, parmi eux, que des progrès silencieux et imperceptibles ; mais leur hésitation et leurs délais furent bien expiés par la grossière idolâtrie des siècles qui ont précédé la réforme, et par celle qu’on voit régner dans les différentes contrées, soit de l’Europe ou de l’Amérique, qui se trouvent encore enveloppées dans les ténèbres de la superstition.

Les papes se séparent enfin de l’empire d’Orient. A. D. 774-800.

Ce fut après le second concile de Nicée et sous le règne de la pieuse Irène, que les papes, en donnant l’empire à Charlemagne, beaucoup moins orthodoxe, détachèrent de l’empire d’Orient, Rome et l’Italie. Il fallait opter entre deux nations rivales ; la religion ne fut pas le seul motif de leur choix : dissimulant les fautes de leurs amis, ils ne voyaient qu’avec inquiétude et répugnance les vertus catholiques de leurs ennemis ; la différence de langage et de mœurs avait perpétué l’inimitié des deux capitales, et soixante-dix ans de schisme les avaient totalement aliénées l’une de l’autre : durant cet intervalle, les Romains avaient goûté de la liberté, et les papes de la domination ; en se soumettant ils se seraient exposés à

  1. Qui supra sanctissima patres nostri (episcopi et sacerdotes) omnimodis servitium et adorationem imaginum renuentes, contempserunt, atque consentientes condemnaverunt. (Concil., t. IX, p. 101, canon 2, Francfort.) Il faudrait avoir le cœur bien dur pour ne pas prendre en compassion les efforts de Baronius, de Pagi, d’Alexander et de Maimbourg, etc., pour éluder cette malheureuse sentence.