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que par une assemblée de la même nature[1] ; les iconoclastes qu’elle assembla, forts de leur possession actuelle, se montraient peu disposés à la discussion ; et la faible voix de leurs évêques était soutenue par les clameurs beaucoup plus formidables des soldats et du peuple de Constantinople. On différa le concile d’une année ; durant cet intervalle, on forma des intrigues, on sépara les troupes mal affectionnées ; enfin, pour détruire tous les obstacles, on décida qu’il se tiendrait à Nicée ; et selon l’usage de la Grèce, la conscience des évêques se trouva encore une fois dans la main du prince. [Septième concile général, ou le second de Nicée. A. D. 787. Sept. 24-Oct. 23.]On ne donna que dix-huit jours pour l’exécution d’un ouvrage si important : les iconoclastes parurent à l’assemblée, non comme des juges, mais comme des criminels ou des pénitens ; la présence des légats du pape Adrien et celle des patriarches d’Orient, ajoutèrent à l’éclat de cette scène[2]. Tarasius, qui présidait le concile, rédigea

  1. Voyez les Actes en grec et en latin du second concile de Nicée, avec les pièces qui y sont relatives, dans le huitième volume des conciles (p. 645-1600). Une version fidèle, accompagnée de notes critiques, exciterait, selon la disposition des lecteurs, ou un soupir ou un sourire.
  2. Les légats du pape qui assistèrent au concile étaient des messagers envoyés par hasard, des prêtres sans mission spéciale, et qui furent désavoués à leur retour. Les catholiques persuadèrent à des moines vagabonds de représenter les patriarches d’Orient. C’est Théodore Studite, l’un des plus ardens iconoclastes de son siècle, qui révèle cette curieuse anecdote. (Epist. I, 38, in Sirmond, Opp., tom. V, p. 1319.)