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ni les Romains ne furent en état de démêler une fourberie qui détruisait les droits des uns et la liberté des autres : la seule réclamation qu’on entendit vint d’un monastère de la Sabinie, qui, au commencement du douzième siècle, contesta l’authenticité et la validité de la donation de Constantin[1]. À la renaissance des lettres et de la liberté, ce faux acte fut frappé de mort par la plume de Laurent Valla, critique éloquent et Romain rempli de patriotisme[2]. Ses con-

  1. Voyez de grands détails sur cette controverse (A. D. 1105), qui s’éleva à l’occasion d’un procès dans le Chronicon Farsense (Script. rer. ital., t. II, part. II, p. 637, etc.), et un extrait étendu des archives de cette abbaye de Bénédictins. Ces archives étaient autrefois accessibles à la curiosité des étrangers (Le Blanc et Mabillon), et ce qu’elles contiennent aurait enrichi le premier volume de l’Historia monastica Italiæ de Quirini ; mais la timide politique de Rome les tient aujourd’hui renfermées (Muratori, Script. rerum Ital., t. II, part. II, p. 269) ; et Quirini, qui songeait au chapeau de cardinal, céda à la voix de l’autorité et aux insinuations de l’ambition. (Quirini, Comment., part. II, p. 123-136.)
  2. J’ai lu dans la collection de Scardius (De potestate imperiali ecclesiasticâ, p. 734-780) ce discours plein de chaleur, qui fut composé par Valla (A. D. 1440), six ans après la fuite du pape Eugène IV. C’est un pamphlet très-véhément et dicté par l’esprit de parti. L’auteur justifie et excite la révolte des Romains ; et on voit qu’il aurait approuvé l’usage du poignard contre leur tyran sacerdotal. Un pareil critique devait s’attendre à la persécution du clergé ; il fit cependant sa paix, et il est enterré à Latran. (Bayle, Diction. critique, art. Valla ; Vossius, De Histor. latin., p. 580.)