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les armes, et des enfans tenant à la main des palmes et des branches d’olivier, chantaient les louanges de leur illustre libérateur. Quand Charlemagne aperçut les croix et les bannières, il descendit de cheval ; il conduisit au Vatican la procession de ces nobles, et en montant l’escalier, il baisa dévotement chacune des marches qui conduisaient au sanctuaire des Apôtres. Adrien l’attendait sous le portique à la tête de son clergé. Ils s’embrassèrent comme des amis et comme des égaux ; mais en allant vers l’autel, le roi ou patrice prit la droite du pape. Charlemagne ne se contenta pas de ces vaines démonstrations de respect. Durant les vingt-six années qui s’écoulèrent entre la conquête de la Lombardie et son couronnement en qualité d’empereur, il gouverna en maître la ville de Rome qu’il avait délivrée par ses armes. Le peuple jura fidélité à sa personne et à sa famille ; on frappa les monnaies, on administra la justice en son nom ; et il examina et confirma l’élection des papes. Excepté le droit de réclamer la souveraineté de son propre chef, le titre d’empereur ne pouvait ajouter aucune prérogative à celles dont le patrice de Rome était déjà revêtu[1].

  1. Paul Diacre, qui écrivit avant l’époque où Charlemagne prit le titre d’empereur, parle de Rome comme d’une ville sujette de ce prince. Vestræ civitates (ad Pompeium-Festum) suis addidit sceptris (De Metensis Ecclesiæ episcopis). Des médailles carlovingiennes frappées à Rome, ont engagé Le Blanc dans une dissertation pleine de recherches, mais très-partiale, touchant l’autorité qu’avaient les rois de