Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mens de la congrégation[1], et des scribes recueillaient à la hâte ses discours, qui dans leurs effets, mais non pas dans leur composition, peuvent être comparés à ceux des orateurs d’Athènes. La mort de Théophile agrandit et réalisa les espérances de son neveu. Le clergé d’Alexandrie était divisé. Les soldats et leur général portaient l’archidiacre ; mais les clameurs et les violences de la multitude firent nommer le candidat qu’elle chérissait ; et saint Cyrille monta sur le siége qu’avait occupé saint Athanase trente-neuf années auparavant[2].

Son despotisme tyrannique. A. D. 413, 414, 415, etc.

Le prix n’était pas indigne de son ambition. Loin de la cour et à la tête d’une immense capitale, le patriarche d’Alexandrie, car c’est ainsi qu’on le nommait, avait usurpé peu à peu l’existence et le pouvoir d’un magistrat civil. Il était le dispensateur des charités publiques et privées de la ville ; sa voix excitait ou calmait les passions de la multitude : un grand nombre de fanatiques Parabolani[3], familia-

  1. Socrate (liv. VII, 13) appelle un grammairien διαπυρος δε ακροατης του επισκοπο‌υ κυριλλο‌υ καθεσ‌τως, και περι το κροτο‌υς εν ταις διδασκαλιαις αυτο‌υ εγειρειν ην σπο‌υδαιοτωτος.
  2. Socrate (l. VII, c. 7) et Renaudot (Hist. patriarch. Alexand., p. 106-108) racontent la jeunesse de saint Cyrille et sa nomination au siége d’Alexandrie. L’abbé Renaudot a tiré ses matériaux de l’Histoire arabe de Sévère, évêque de Hermopolis Magna ou Ashmunein, au dixième siècle, auquel on ne peut jamais ajouter foi, à moins que les faits ne portent en eux-mêmes les caractères de l’évidence.
  3. Les parabolani d’Alexandrie étaient une corporation