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On affranchit les Francs de leur premier serment de fidélité, mais on les dévoua, ainsi que leur postérité, aux plus affreux anathèmes, s’ils osaient à l’avenir faire un nouvel usage de la liberté d’élection, ou choisir un roi qui ne fût pas de la sainte et digne race des princes carlovingiens. Ces princes jouirent tranquillement de leur gloire sans s’inquiéter de l’avenir ; le secrétaire de Charlemagne affirme que le sceptre de France avait été transféré par l’autorité des papes[1], et depuis, dans leurs entreprises les plus hardies, ils ne manquèrent pas d’insister avec confiance sur cet acte remarquable et approuvé de leur juridiction temporelle.

Patriciens de Rome.

II. Les mœurs et la langue avaient tellement changé, que les patriciens de Rome[2] étaient tort loin de rappeler le sénat de Romulus, et que les officiers du palais de Constantin ressemblaient peu

  1. Voyez Éginhard, in vitâ Caroli Magni, c. 1, p. 9, etc. ; c. 3, p. 24. Childéric fut déposé, jussu, et la race Carlovingienne fut établie sur le trône, auctoritate pontificis romani. Launoy et d’autres écrivains disent que ces mots très-énergiques sont susceptibles d’une interprétation très-adoucie ; je le veux bien ; cependant Éginhard connaissait bien le monde, la cour et la langue latine.
  2. Voyez sur le titre et les pouvoirs de patricien de Rome, Ducange (Gloss, lat., t. V, p. 149-151), Pagi (Crit., A. D. 740, nos 6-11), Muratori (Annali d’Italia, tom. VI, p. 308-329) et Saint-Marc (Abrégé chronologique de l’Italie, t. I, p. 379-382). De tous ces écrivains, le cordelier Pagi est le plus disposé à voir dans le patrice un lieutenant de l’Église plutôt que de l’empire.