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pas l’humilité chrétienne des papes, et on retrouve leur figure et leur inscription sur les plus anciennes monnaies[1]. Leur domination temporelle est aujourd’hui affermie par dix siècles de respect, et leur plus beau titre est le libre choix d’un peuple qu’ils avaient délivré de l’esclavage.

Rome attaquée par les Lombards. A. D. 730-752.

Au milieu des querelles de l’ancienne Grèce, le peuple saint de l’Élide jouissait d’une paix continuelle sous la protection de Jupiter et dans l’exercice des jeux olympiques[2]. Il eût été heureux pour les Romains qu’un privilége semblable défendît le patrimoine de l’Église des calamités de la guerre, et que les chrétiens qui allaient voir le tombeau de saint Pierre se crussent obligés, en présence de l’apôtre et de son successeur, de remettre leurs épées dans le fourreau ; mais ce cercle mystique n’aurait pu être tracé que par la baguette d’un législateur et d’un sage : ce système pacifique ne s’accordait pas avec le zèle et l’ambition des papes ; les Romains n’étaient pas, comme les habitans de l’Élide, adonnés aux innocens et paisibles travaux de l’agriculture, et

  1. Voyez Muratori, Antiq. Ital. medii ævi, t. II, Dissert. 27, p. 548. On lit sur une de ces monnaies Hadrianus papa (A. D. 772), sur le revers, Vict. DDNN, avec le mot CONOB, que le père Joubert (Science des médailles, t. II, page 42) explique par CONstantinopoli Officina B (secunda).
  2. Voy. la Dissertation de West sur les jeux olympiques (Pindare, vol. 2, p. 32-36 : édit. in-12), et les judicieuses Réflexions de Polybe (t. I, l. IV, p. 466, édit de Gronov.).