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vues d’espérance ou de crainte les opinions de leur conscience. [Leur profession de foi.]Durant cette longue nuit de superstition, les chrétiens s’étaient écartés de la simplicité de l’Évangile, et il n’était pas aisé pour eux de suivre le fil et de reconnaître les détours du labyrinthe. Dans l’imagination d’un dévot, le culte des images se trouvait lié d’une manière inséparable avec la croix, la Vierge, les saints et leurs reliques. Les miracles et les visions enveloppaient de nuages la base de cet édifice sacré, et les habitudes de l’obéissance et de la foi avaient engourdi les deux puissances de l’esprit, la curiosité et le scepticisme. On accuse Constantin lui-même de doute, d’incrédulité, ou même de quelques plaisanteries royales sur les mystères des catholiques[1] ; mais ces mystères se trouvaient bien établis dans le symbole public et privé de ses évêques ; et l’iconoclaste le plus audacieux ne dut attaquer qu’avec une secrète horreur les monumens de la superstition populaire consacrés à la gloire des saints qu’il regardait encore comme ses protecteurs auprès de Dieu. Lors de la réforme du seizième siècle, la liberté et les lumières avaient augmenté toutes les facultés de l’homme ; le besoin des innovations

  1. On l’accuse d’avoir proscrit le titre de saint, d’avoir appelé la Vierge Marie mère de Jésus-Christ, de l’avoir comparée après son accouchement à une bourse vide : on l’accuse en outre d’arianisme, de nestorianisme, etc. Spanheim qui le défend (c. 4, p. 207), est un peu embarrassé entre les intérêts d’un protestant et les devoirs d’un théologien orthodoxe.