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appliquait le même titre qu’à la première image ; mais il n’y en avait de plus imposantes, produites par un contact immédiat avec l’original, doué à cet effet d’une vertu miraculeuse et prolifique. Les plus ambitieuses prétendaient, non pas descendre de l’image d’Édesse, mais avoir avec elle des rapports de fraternité ; telle est la Véronique de Rome, d’Espagne ou de Jérusalem, mouchoir que Jésus-Christ, lors de son agonie et de sa sueur de sang, avait appliqué sur son visage, et remis à une des saintes femmes. Bientôt il y eut des véroniques de la vierge Marie, des saints et des martyrs. On montrait dans l’église de Diospolis, ville de la Palestine, les traits de la mère de Dieu[1], empreints jusqu’à une assez grande profondeur sur une colonne de marbre. Le pinceau de saint Luc avait décoré, disait-on, les Églises d’Orient et d’Occident ; et on a supposé que cet évangéliste, qui paraît avoir été un médecin, avait exercé le métier de peintre, métier, aux yeux des premiers chrétiens, si profane et si odieux. Le Jupiter Olympien, créé par le génie d’Homère et le ciseau de Phidias, pouvait inspirer à un philosophe une dévotion momentanée ; mais les images catholiques, productions sans force et sans relief, sorties

  1. Voyez dans les ouvrages authentiques ou supposés de saint Jean Damascène, deux passages sur la vierge Marie et sur saint Luc, que Gretser a oubliés, et dont Beausobre, par conséquent, n’a pas fait mention. (Opera Johan. Damascen., t. I, p. 618-631.)