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qu’il y a de singulier, il ne parle pas de cette empreinte exacte[1] de la figure de Jésus-Christ sur un linge dont le sauveur du monde récompensa la foi de ce prince qui avait invoqué sa puissance dans une maladie, et lui avait offert la ville fortifiée d’Édesse, afin de le mettre à l’abri de la persécution des Juifs. Pour expliquer l’ignorance où était restée à cet égard la primitive Église, on supposa que cette empreinte avait été long-temps emprisonnée dans une niche d’un mur, d’où, après un oubli de cinq siècles, elle fut tirée par un évêque prudent, et offerte au temps propice à la dévotion de ses contemporains. La délivrance de la ville attaquée par Chos-

    (Heathen Testimonies, vol. I, p. 297-309). Dans la foule des écrivains bigots qu’il chasse de ce poste important, je suis honteux, à la suite des Grabe, des Cave, des Tillemont, de rencontrer M. Addison (Voyez ses ouvrages, vol. I, p. 528, édit. de Baskerville) ; mais le traité superficiel qu’il a composé sur la religion chrétienne ne doit la réputation dont il jouit qu’à son nom, à son style, et aux éloges bien suspects que lui ont donnés les prêtres.

  1. Je conclus du silence de Jacques de Sarug (Assemani, Biblioth. orient., p. 289-318), et du témoignage d’Evagrius (Hist. ecclésiast., l. IV, c. 27), que cette fable a été inventée entre les années 521 et 594, vraisemblablement après le siége d’Édesse, en 640 (Assemani, t. I, p. 416 ; Procope, De bello persico, l. II). C’est l’épée et le bouclier de Grégoire II (in epist. I, ad Léon. Isaur. Concil., t. VIII, p. 656, 657), de saint Jean Damascène (Opera, t. I, p. 281, édit. de Lequien), et du second concile de Nicée (Actio V, p. 1030). L’édition la plus parfaite se trouve dans Cedrenus (Compend., p. 175-178).