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par l’ambition de son frère ; et leur discorde facilita aux Latins la conquête de Constantinople, la première grande époque dans la chute de l’empire d’Orient.

A. D. 1204. Avril 12.

Si on calcule le nombre et la durée des règnes, on trouvera qu’une période de six siècles a donné soixante empereurs, en y comprenant les femmes qui possédèrent le trône, et en retranchant de la liste quelques usurpateurs qui ne furent jamais reconnus dans la capitale, et quelques princes qui ne vécurent pas assez pour jouir de leur héritage. Le terme moyen de chaque règne serait ainsi de dix années, c’est-à-dire bien au-dessous de la proportion chronologique de Newton qui, d’après l’exemple des monarchies modernes plus régulièrement constituées, portait à dix-huit ou vingt ans la durée d’un règne ordinaire. L’empire de Byzance n’eut jamais plus de repos, et de prospérité que lorsqu’il put suivre l’ordre de la succession héréditaire. Cinq dynasties, savoir : la race d’Héraclius, les dynasties Isaurienne, Amorienne, les descendans de Basile et les Comnène, se perpétuèrent chacune à leur tour sur le trône durant cinq, quatre, trois, six et quatre générations. Plusieurs de ces princes comptèrent de leur enfance les années de leur règne ; Constantin VII et ses deux petits-fils occupent tout un siècle. Mais dans les intervalles des dynasties byzantines, la succession est rapide et interrompue ; les succès de l’un des candidats ne tardaient pas à être effacés, ainsi que son nom, par le succès d’un compétiteur plus