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adoucissaient les peines de leur captivité, produisirent un fils. La vigilance des geôliers chargés de la garde d’une femme se relâcha peu à peu, et Andronic était en pleine liberté, lorsqu’on le découvrit et qu’on le ramena à Constantinople, chargé d’une double chaîne. Il trouva le moyen et le moment de se sauver de sa prison. Un jeune homme qui le servait enivra les gardes, et prit sur de la cire l’empreinte des clefs : les amis d’Andronic lui envoyèrent au fond d’un tonneau de fausses clefs avec un paquet de cordes. Le prisonnier s’en servit avec courage et avec intelligence ; il ouvrit les portes, descendit de la tour, se tint une journée entière caché dans une haie, et la nuit il escalada les murs du jardin du palais. Un bateau l’attendait ; il se rendit à sa maison, embrassa ses enfans, se débarrassa de ses fers, et montant un agile coursier, se dirigea rapidement vers les bords du Danube. À Anchiale, ville de la Thrace, un ami courageux le fournit de chevaux et d’argent. Il passa le fleuve, traversa à la hâte le désert de la Moldavie et les monts Carpathes, et il se trouvait déjà près de Halicz, ville de la Russie polonaise, lorsqu’il fut arrêté par un parti de Valaques, qui résolut de mener à Constantinople cet important prisonnier. Sa présence d’esprit le tira de ce nouveau danger. Sous prétexte d’une incommodité, il descendit de cheval durant la nuit, et on lui permit de se retirer à quelque distance de la troupe. Après avoir fiché en terre son long bâton, il le revêtit de son chapeau et d’une partie de ses habits,