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cas, au moment de combattre, atteint d’un trait ou par l’effet du poison, tomba de son cheval à la tête de son armée. Sclerus, qui avait été chargé de chaînes deux fois, et deux fois revêtu de la pourpre, désirait passer tranquillement le peu de jours qui lui restaient. Lorsque ce vieillard, les yeux humides de larmes, la démarche mal assurée, et s’appuyant sur deux hommes de sa suite, s’approcha du trône, l’empereur, avec toute l’insolence de la jeunesse et du pouvoir, s’écria : « Est-ce donc là l’homme que nous avons craint si long-temps ? » Basile avait affermi son autorité et rétabli la tranquillité dans l’empire ; mais la gloire militaire de Nicéphore et de Zimiscès ne lui permettait pas de reposer tranquille dans son palais. Ses longues et fréquentes expéditions contre les Sarrasins furent plus glorieuses qu’utiles à l’état ; mais il anéantit le royaume des Bulgares, et il paraît que c’est le triomphe le plus important des armes romaines depuis l’époque de Bélisaire. Toutefois ses sujets, au lieu de célébrer leur prince victorieux, détestèrent son avide et parcimonieuse avarice ; et dans le récit imparfait qui nous est resté de ses exploits, on n’aperçoit que le courage, la patience et la férocité d’un soldat. Son esprit avait été gâté par une éducation vicieuse, qui cependant ne put triompher de son énergie ; il était étranger à toutes les sciences, et le souvenir de son grand-père, si savant et si faible, semblait autoriser son mépris réel ou simulé des lois et des jurisconsultes, des artistes et des arts. Un tel caractère, dans un tel siècle,